Etre femme et médecin : savoir concilier vie professionnelle et vie familiale
Elles sont des épouses, des mères de famille et aussi des médecins. Elles veulent réussir une carrière professionnelle et une vie familiale. Les horaires, les gardes, les astreintes et la complexité du travail rendent parfois difficile une bonne conciliation ; mais aujourd’hui la volonté de trouver un meilleur équilibre entre ces deux vies devient essentielle pour ces femmes médecins.
Pr Gisèle BADOUM/OUEDRAOGO est médecin pneumologue. Elle est Chef de Service Adjoint du Service de pneumologie du CHU Yalgado OUEDRAOGO, Chef de l’unité des grands contagieux, Professeur Titulaire à l’Université Joseph KI ZERBO et Directrice des stages de la section médecine à l’UFR/SDS. Pr Gisèle BADOUM est mariée et mère de trois enfants. Elle revient sur son parcours : « Après mes études en médecine, j’ai immédiatement enchaîné une spécialisation en pneumologie à Abidjan parce que cette spécialisation ne pouvait pas se faire à l’époque au Burkina Faso. En marge de la pneumologie, j’ai entrepris des étude dans le domaine de l’épidémiologie et de la santé publique à l’Université de Limoges en France. Il fallait alors allier les études et la vie de famille. Mes deux premières filles sont nées durant mes années de spécialisation : la première en début de spécialisation et la deuxième à la fin. J’étais tantôt à Ouaga, tantôt à Abidjan, tantôt à Limoges en France pour mes études et il me fallait dans le même temps gérer ma famille. Mon mari m’a beaucoup encouragée à entamer la spécialisation juste après mes études en médecine, il m’a beaucoup accompagnée et c’est lui qui gardait les enfants avec l’appui de mes parents. Ces années d’études ont été facilitées grâce à ces soutiens sans lesquels je ne serais pas arrivée au bout. C’est l’occasion pour moi de remercier toute ma famille qui m’a aidée durant tout ce cursus. C’est à l’issue de la spécialisation en pneumologie que j’ai commencé à travailler dans le service de pneumologie du CHU Yalgado OUEDRAOGO. Lorsque j’ai été recrutée à l’UFR/SDS en tant qu’assistante en 2009, tous mes enfants étaient relativement grands. Pendant 5 années ma famille a supporté mes multiples déplacements que nécessitait la préparation au concours d’agrégation : voyages d’études, conférences, réunions aussi bien au niveau national qu’international. Je peux dire que mes absences au cours de ces années n’ont pas porté préjudice à ma famille avec qui je restais en contact permanent.
Dr Fabienne SANOU a aussi une histoire. Médecin depuis 2008 et spécialiste en Hématologie depuis 2013, elle est mère d’un enfant depuis 2015, bien après sa spécialisation et travaille au CHU de Bogodogo. « Mon quotidien, je suis tous les jours à l’hôpital et certains après-midis je travaille dans le privé. Ce qui est difficile dans mon domaine, c’est qu’on est seulement 6 Hématologistes pour tout le Burkina, donc nos files d’attente sont longues. Je ne rentre pas à la maison avant 20heures. Je m’organise mais je reconnais qu’il faut de l’aide. Au départ, je n’avais pas de femme de ménage, ma chance est que j’ai papa et maman qui m’aident, car en plus de mon fils, je m’occupe aussi des enfants de mon frère. Au début, j’ai dû mettre mon fils à la crèche, mais quelque part on est plus rassuré, l’enfant apprend mieux et j’étais un peu libre jusqu’à 18heures avant d’aller le chercher. Maintenant, les enfants sont plus ou moins habitués à mes horaires, mais j’appelle tout le temps pour prendre de leurs nouvelles, ne pas oublier de donner le médicament, de faire ceci, cela... Je fais le maximum de mes activités entre lundi et vendredi et je consacre le weekend à ma famille, les courses de la maison, l’organisation pratique pour la semaine à venir avec une nièce qui m’aide ainsi que ma famille », nous confie-t-elle.
Tout comme ces deux médecins, elles sont nombreuses les femmes médecins qui au quotidien cherchent le juste milieu pour réussir leur profession et leur vie familiale. C’est pourquoi, Dr Fabienne SANOU pense qu’en plus de la bonne organisation qu’il faut, ses jeunes sœurs médecins doivent toujours avoir recours à leurs parents. « Le sentiment de culpabilité, je sais que beaucoup de mes sœurs le partagent, mais dites-vous aussi qu’on travaille pour le bien de ses enfants plus tard et pour pouvoir sortir avec eux le weekend. Quelque part tu es aussi fière de dire à tes enfants, j’étais en train de m’occuper d’un patient, ce qui te valorise aussi à leurs yeux. Il faut surtout une bonne communication et être impliquée dans les décisions à prendre même à distance ».
Pr Gisèle BADOUM, bien nantie d’expériences n’a pas hésité à prodiguer des conseils aux jeunes femmes médecins : « le conseil que je donnerai à mes jeunes sœurs qui ne sont pas encore mariées c’est qu il faut savoir choisir son conjoint qui doit être prêt à vous accompagner dans votre carrière. Pour celles qui sont déjà mariées, je leur dirai de bien discuter avec leur conjoint sur leurs projets de carrière. Lorsque vous avez aussi une proposition de poste, il faut savoir en parler au conjoint pour avoir son adhésion et son accompagnement».
Etre femme et médecin, il est bien possible d’aller au-delà des difficultés et réussir au mieux ces deux rôles, pour peu que la femme sache bien faire la part des choses : son rôle de mère et d’épouse à la maison et son rôle de médecin avec tous les postes qu’elle peut occuper au travail. Il suffit d’avoir une bonne organisation et un accompagnement conséquent du conjoint et de la famille !
Presse et communication du CNOMB