Chaque 25 Avril nous rappelle la Journée Mondiale de Lutte contre le Paludisme. Cette maladie est connue de tous, agents de santé comme population, mais reste une préoccupation au Burkina, en Afrique et dans le monde. Tous les acteurs sont d’avis qu’il faut renforcer les axes d’intervention, miser sur la participation de l’ensemble des acteurs et sur la sensibilisation, la communication et l’information. L’Ordre des Médecins pour sa part, contribue à promouvoir la santé des populations et la qualité des soins. Ce qui est bien suffisant pour qu’il s’intéresse à cette journée consacrée à la lutte contre le Paludisme.
Pour en parler, nous nous sommes entretenus avec Dr Ali SOGLI, Médecin de santé Publique, option Epidémiologie Biostatique et Recherche en Santé. Il est en service à la Direction Régionale de la Santé et de l’Hygiène Publique du Sud-ouest (Gaoua) et est le chef du service de la lutte contre la maladie et la protection des groupes spécifiques (SML/PGS).
Un aperçu sur votre parcours professionnel ?
Après l’obtention du Baccalauréat série D au Lycée Diaba Lompo de Fada en 2007, j’entre à l’université à l’UFR/SDS et poursuis des études en Médecine. De cette UFR, je sors en 2015 après une soutenance de thèse le 04 Décembre.
En 2016 j’intègre la fonction publique et je suis affecté à au District sanitaire de Sindou dans la province de la Léraba, région des Cascades. En plus de nos activités quotidiennes, Nous avons géré une file active de plus de 300 patients de trois nationalités (Burkina, Mali et Côte-d’Ivoire). En 2019 je suis allé faire le Master de santé publique toujours à l’UFR/SDS d’où je suis sorti en fin 2020 et affecté à la DRSHP du Sud-Ouest.
Vous êtes Chef du Service de Lutte contre la maladie, de façon résumée que fait ce service ?
Le service SLM/PGS est l’un des bras techniques des directions régionales de la santé (niveau intermédiaire du système de santé au BF). Il est chargé de la mise en œuvre des interventions de lutte contre les maladies édictées depuis le niveau central. Il s’agit essentiellement du Paludisme, du VIH, de la Tuberculose, des MTN, des MNT, de la CVID-19, des activités de surveillance sanitaire et de riposte. A ces activités il faut ajouter les activités de la santé de la reproduction et de nutrition.
Le 25 avril est la journée mondiale de lutte contre le Paludisme, quelle est l’ampleur de cette maladie au Burkina ?
Le paludisme au BF constitue un véritable problème de santé publique. Il constitue la première cause de consultation dans les formations sanitaires, la première cause de mortalité. Pour le seul premier trimestre de l’année 2023, la seule région du Sud-Ouest a enregistré les données suivantes :
Palu-Cas de paludisme confirmes |
Cas-Paludisme grave confirme |
Palu-Cas de paludisme simple chez les moins de 5 ans |
134391 |
5950 |
62420 |
On dit que le Paludisme est un problème mondial de santé publique, jusqu'où vont ses conséquences dévastatrices ?
Les conséquences du paludisme sont énormes et toute la population en paie les frais.
- Sur le plan sanitaire, il est à l’origine d’une charge de morbidité et de mortalité importante,
- Sur le plan économique, il est à l’origine de dépenses énormes pour les soins pour les familles, les communautés et le pays tout entier. La consommation de médicaments et intrants du fait liée au paludisme est énorme.
- une importante charge de travail pour les agents de santé,
- Un absentéisme au travail et à l’école, ce qui engendre d’importantes pertes économiques.
Qu'est-ce qui est fait à votre niveau pour lutter contre cette maladie ?
Au notre niveau plusieurs actions sont menées en vue de contrôler le paludisme. On note :
- la formation des acteurs sur les directives et politique sanitaires
- l’encadrement des acteurs sur le terrain
- la supervision des acteurs sur le terrain afin de vérifier l’exécution des directives,
- les investigations/audits pour identifier les manquements et ressortir des leçons à apprendre pour l’amélioration de notre pratique quotidienne.
NB : les actions de santé publique sont comme un parapluie, protecteur pour les hôpitaux. Si elles ne marchent pas, les hôpitaux vont souffrirent d’un afflux massif de malades. Un de nos maitres disait il y’a quelques années qu’au regard de l’état financier de notre pays et de nos hôpitaux, nous gagnerons à faire en sorte que les personnes ne tombent pas malades car le rétablissement de la santé (pour un malade) est toujours plus couteux que de prévenir la maladie. Et c’est cela la santé publique.
Quel message donnez-vous à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le Paludisme ?
- Il faut un engagement collectif car le seul ministère de la santé ne peut gagner la lutte contre le paludisme. Chacun doit jouer son rôle et la contribution des collectivités territoriales, de l’urbanisme, de l’environnement, les communicateurs etc. est très attendue.
- La lutte contre le paludisme intègre la lutte anti vectorielle, l’assainissement du cadre de vie, le changement social de comportement.
- La recherche doit également permettre de trouver des molécules et des vaccins efficaces contre cette maladie.
- Je souhaite également que nos pharmaciens puissent développer dans notre pays des molécules efficaces contre le paludisme dans notre pays. Jusqu’ici nous ne consommons que des molécules venues d’ailleurs, qui coutent très chères et dont la qualité reste à vérifier.
L'ambition en matière de lutte contre le Paludisme ?
Les objectifs du ministère de la santé en matière de lutte contre le paludisme sont très ambitieux : réduire le taux de mortalité et l’incidence du paludisme d’au moins 75%, entre 2015 et 2025. En somme, c’est d’éliminer le paludisme en tant que problème de santé publique d’ici à 2025. Cela requiert la participation de tous ! Nous pouvons y arriver, et il le faut d’ailleurs.
CNOMBF