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Dr Arouna GNAMOU

Après l’admission au concours d’internat ou immédiatement après le Doctorat d’Etat en Médecine ou après quelques années d’exercice comme médecins généralistes, certains médecins optent pour une spécialisation dans une discipline de leur choix. Ils deviennent des médecins spécialistes et offrent un éventail de services médicaux allant du diagnostic au traitement. Le médecin spécialiste soigne les patients de tout âge selon sa spécialité pour améliorer leur état de santé.

La spécialisation en Médecine, nous en parlons avec Dr Arouna GNAMOU, actuellement en troisième année de spécialisation en maladies infectieuses et tropicales à Abidjan. Une interview dans laquelle, il nous parle aussi de son expérience personnelle de futur médecin infectiologue.

C'est quoi la spécialisation en médecine Docteur ?

La spécialisation c’est le fait pour un médecin de continuer sa formation médicale dans une branche (spécialité) spécifique de la médecine devenant ainsi un médecin spécialiste.

A quel moment intervient la spécialisation ?

La spécialisation intervient après avoir terminé le tronc commun des études de médecine.

Comment choisir sa spécialité médicale ?

Plusieurs aspects doivent être pris en compte avant de choisir une spécialité médicale. Tout d’abord il faut l’aimer. Choisir une spécialité peut affecter le reste de votre carrière ou même de votre vie familiale. En effet, certaines spécialités permettent plus de temps en famille et sont moins stressantes, avec des heures de travail prévisibles et des urgences rares. Par exemple, si votre avenir de rêve comprend de passer beaucoup de temps avec votre conjoint(e), vos enfants et avoir une faible incidence des appels d’urgence, vous conviendrez avec moi que le choix portera sur des « spécialités sans urgences », sans gardes.

Par contre, si vous aimez l’adrénaline inhérente aux situations de stress élevé, une spécialité avec gardes ou urgences vous conviendra. Il faut savoir trouver le bon équilibre travail / vie personnelle dans le choix de la spécialité.

Ensuite, il faudra aimer l’organe impliqué. Quelle que soit la spécialité choisie, il y aura toujours un peu de répétition dans ce que vous ferez. Par exemple, l’urologue verra beaucoup d’organes génitaux, le traumatologue beaucoup de fracture, le pédiatre verra beaucoup d’otite et devra être habitué aux cris et pleurs des enfants.

Aussi, il faudra prendre en compte le type d’interaction qu’on voudrait avoir avec les malades. Vous pouvez choisir d’être au contact des malades (en étant clinicien) ou pas (biologiste, chercheur), choisir d’avoir une relation à long terme comme dans les spécialités qui prennent en charge des pathologies chroniques (l’infectiologue avec des PVVIH, l’endocrinologue avec des patients diabétiques, le néphrologue avec des patients atteints d’insuffisance rénale chronique) ou une interaction limitée dans le temps avec le patient (chirurgien, anesthésiste).

Enfin un aspect à prendre en compte et non moins important : l’argent. Il faut dire que de façon générale chaque médecin gagne sa vie, mais certaines spécialités sont beaucoup plus lucratives que d’autres. L’argent ne devrait pas être la priorité absolue, mais il mérite une place dans les considérations.

Il y a bien sûr d’autres considérations à prendre en compte pour le choix de la spécialité désirées.

Quelle est l'importance de la spécialisation selon vous ?

La médecine est vaste, la spécialisation permet à un médecin de s’orienter sur un domaine précis. Elle permet à un médecin d’être plus pointu dans la prise en charge de certaines pathologies. Le choix de la spécialité est une étape importante pour un médecin, c’est prendre une décision qui aura un impact sur toutes les facettes de votre vie, du temps que vous passerez avec votre famille, de vos projets …Le choix de la spécialité devra être bien muri afin de ne pas le regretter plus tard.

Parlez-nous de votre cas : pourquoi le choix de vous spécialiser en maladies infectieuses ?

Il faut dire qu’initialement j’avais pour projet de me spécialiser en réanimation. Ce projet va subir un changement lors de mon passage en 2015 au service des maladies infectieuses et tropicales du CHU Yalgado Ouedraogo (stages pratiques de la septième année de médecine). Pendant notre période de stage (Novembre 2015 à Janvier 2016), notre pays a connu une épidémie de dengue dont l’épicentre était Ouagadougou et qui a entrainé plusieurs cas graves et malheureusement des décès.

A cette époque, il n’y avait pas assez de médecins spécialistes en infectiologie (3 au CHU/YO). Devant cette situation nous sommes restés dans le service (même après la fin de notre stage) pour prêter main forte à l’équipe médicale. Vu que j’étais beaucoup engagé dans la prise en charge des cas de dengue, le chef de service à l’époque m’a proposé d’en faire mon sujet de thèse, chose que j’ai tout de suite accepté.

Pendant que je collectais mes données, je continuais à participer aux activités du service (visite des malades hospitalisés, consultations…), puis survient une autre flambée en 2016 qui prolongera ma période de collecte (l’objectif étant d’avoir le maximum de cas). Je parviens à soutenir en février 2017 sur les complications de la dengue, en attendant mon intégration dans la fonction publique, je continuais toujours à participer aux activités du service. J’ai eu ma première affectation au district sanitaire de Sapouy, avant d’être réaffecté au CHU Yalgado Ouédraogo dans le service de maladies infectieuses et tropicales.

Toutes ces années passées au contact de ces malades dont certains sont marginalisés par la société, ont forgé en moi l’amour de cette discipline. D’autant plus que les maladies infectieuses sont la première cause de mortalité dans notre pays, en me spécialisant dans cette discipline j’aspire contribuer à la réduction de la mortalité liée à ces maladies. Ce choix a surtout été motivé par les conseils de mes chers maitres et surtout ma directrice de thèse qui était le chef de service à l’époque.

Comment ça s’est passé ?

C’était suite à un concours professionnel organisé par le ministère de la fonction publique en 2019. Cette année-là, il n’y avait qu’un seul poste à pourvoir pour cette discipline et nous étions deux candidats à convoiter le poste. Après mon admission au concours, il fallait opter pour le lieu de la formation (la formation ne se faisant qu’à l’extérieur du pays à cette époque) et composer encore pour avoir l’autorisation d’inscription dans une université. J’ai été accepté pour l’inscription en première année de DES de maladies infectieuses et tropicales à l’Université Felix Houphouët Boigny après admission au probatoire de cette discipline.

Quelles sont vos ambitions ?

Mes ambitions, c’est de terminer ma formation et de contribuer à l’amélioration de l’offre de soins au profit de la population de mon pays en particulier et du monde en général. J’espère être un bon médecin infectiologue dans tous les sens du terme.

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