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Pr Sanou

Il est le Professeur Joachim SANOU. Il est le 2e médecin Anesthésiste Réanimateur du Burkina Faso. Lorsqu’il obtient son Baccalauréat en 1975, c’est tout naturellement que ce petit fils d’un praticien de la médecine traditionnelle va s’orienter en médecine. Il est alors envoyé à l’Université du Bénin à Lomé au Togo pour les études de base en médecine. Déjà là-bas, il a été impressionné par des Maîtres qui l’ont marqué, à l’image surtout du Pr AHOUANGBEVI, le seul Anesthésiste - Réanimateur du Togo à l’époque, qui a suscité en lui l’amour de cette discipline de par son engagement et sa compétence. L’étudiant SANOU à l’époque ne pourra pas finir ses études à Lomé indépendamment de sa volonté. Il revient au Burkina et fait partie des étudiants qui ont eu la lourde charge et la chance aussi de commencer l’Ecole Supérieure des Sciences de la Santé à Ouagadougou en 1982. En 6e année qu’il était déjà, il ne lui restait plus que la 7e année, le stage interné et la thèse. Il était parmi les premiers étudiants à soutenir leurs thèses de doctorat à l’université de Ouagadougou et à recevoir leurs diplômes des mains d’un Président, lui-même médecin, le Médecin - Commandant Jean-Baptiste OUEDRAOGO à l’époque. Il devient Docteur d’Etat en médecine en 1983 et en 1984 il est affecté au Centre Médical de Zabré en tant que médecin- Chef. A peine 8 mois de service, Dr SANOU en son temps est envoyé pour la spécialisation en Anesthésie - Réanimation à Abidjan, en Côte d’Ivoire compte tenu du fait que la discipline manquait de praticiens. Il devient médecin Anesthésiste - Réanimateur en 1988 à Abidjan, un séjour qui lui a permis aussi de faire un diplôme spécialisé en médecine du sport et de faire partie des médecins du SAMU d’Abidjan. Il rentre au Burkina et  est affecté au CHU Sourô SANON de Bobo-Dioulasso avant de rejoindre le CHU Yalgado OUEDRAOGO en 1990 dans le Service d’Anesthésie et de Réanimation. Dans la même année, il est recruté comme Assistant à l’Université. Il devient Maître - Assistant en 1997, Professeur Agrégé en 2000 et Professeur Titulaire en 2012. Pendant qu’il était déjà médecin Anesthésiste - Réanimateur, il est parti comme Assistant Associé à Bordeaux, et pour augmenter ses compétences, il a fait parallèlement un diplôme d’université d’hygiène hospitalière, un diplôme inter-universitaire de pédagogie médicale, un diplôme d’université de prise en charge de patients infectés par le VIH et un diplôme d’université d’évaluation de la qualité en médecine. En 2002, il est nommé Chef de service de la Réanimation Polyvalente du CHU Yalgado OUEDRAOGO, poste qu’il occupe jusqu’à son admission à la retraite en avril 2020. Pr SANOU a enseigné à l’Ecole Nationale de Santé Publique et à l’Université. Il a aussi animé la vie de la Société d’Anesthésie, de Réanimation et de Médecine d’Urgence du Burkina (SARMU-B) dont il a été membre fondateur et premier Président. Pr SANOU a choisi l’Anesthésie - Réanimation, parce qu’il a vraiment été impressionné lors des stages internés par son passage au Post-opérés et était admiratif devant ses Maîtres. Aussi, le savoir faire de ses Maîtres d’Abidjan, du Togo, de la France, du Burkina entre autres le Pr AHOUANGBEVI, le Pr KEKEH, le Pr BEGUE, le Pr VALCKE, le Pr ASSIMADI, le Pr OUIMINGA, le Pr SANOU, le Pr TIENDREBEOGO, le Pr OUEDRAOGO, le Pr KONE, le Pr BONDURAND, le Pr N’DRI, le Pr COFFI, le Pr CHOBLI, le Pr ERNY, le Pr DABADIE, le Pr HABERER, le Pr MIGNONSIN, le Dr KANE, le Dr NIOUPIN, le Dr DAKOURE, l’a amené à aimer cette discipline transversale dont l’aspect organisationnel est impressionnant. Admis à la retraite aujourd’hui, Pr Joachim SANOU continue tout de même d’enseigner. Dans la rubrique ‘’Chez nous Médecins’’ sur les Pionniers de Spécialités, nous avons rencontré cette semaine Pr Joachim SANOU, un Baobab de l’Anesthésie  -Réanimation au Burkina pour revivre cette époque.

 

Presse et Communication du CNOMB : Vous êtes l’un des Pionniers en Anesthésie - Réanimation, faites-nous un peu l’historique Professeur

Pr Joachim SANOU : Vous nous faites l’honneur de me compter parmi les pionniers, mais je dois dire que nous étions un certain nombre, même si certains ne sont plus là actuellement. Ainsi, le tout premier médecin Anesthésiste - Réanimateur burkinabè à entrer au pays et à y exercer ses talents a été le Docteur Bruno ELOLA. Il est malheureusement décédé il y a quelques mois. Je m’incline très respectueusement devant sa mémoire. Paix à son âme ! Le Dr ELOLA était un médecin militaire, médecin Colonel- Major et c’est lui qui a été le premier Chef de service d’Anesthésie - Réanimation. Il est rentré au pays pendant que nous étions en train de terminer nos études de spécialité à Abidjan, feu le Dr Amadé OUEDRAOGO qui nous a quittés aussi l’année dernière et votre serviteur. Votre serviteur et le Dr Amadé OUEDRAOGO sont donc 2e ex aequo chronologiquement. Une année après nous, le Dr Alexis ROUAMBA est rentré de la même université d’Abidjan, et lui a pratiqué sa carrière à Bobo Dioulasso.  C’était lui la personne de référence en matière d’Anesthésie- Réanimation et on lui doit une fière chandelle parce qu’il était au four et au moulin dans toutes les activités concernant la discipline à l’ouest du pays et il nous rejoignait à Ouagadougou quand il y avait des situations d’envergure nationale. Toujours dans les pionniers, il convient aussi de citer le Général Pr Nazinigouba OUEDRAOGO, même si chronologiquement il vient nettement après. Le Pr OUEDRAOGO est  médecin militaire et malgré ses différentes  casquettes, ses multiples responsabilités, il contribue très vigoureusement à l’essor de la discipline. Il s’est fortement investi dans la formation des spécialistes.

Si on doit nous appeler pionnier, pourquoi pas ? Je dois dire très rapidement que nous avons su inculquer l’amour de la discipline à certains jeunes qui sont allés très vite, poussés par nous, poussés par les autorités.  Sans qu’ils ne soient vraiment pionniers, nous les plaçons juste après nous. C’est ainsi que nous avons l’immense fierté de constater que le Pr Armel Flavien KABORE dirige avec brio le secteur d’Anesthésie - Réanimation du CHU de Tengandogo ; de la même manière le Pr Ag BONKOUNGOU Papougnézambo dirige le secteur des urgences médicales au CHU Yalgado OUEDRAOGO. Au CHU-P Charles De Gaulle, c’est la toute fraîche émoulue du Cames de Brazzaville 2020, Mme le Pr Ag Bertille KI qui est en charge des activités d’anesthésie et de réanimation. Tous sont nos élèves.  Nous sommes aussi comblés que le  jeune Pr Ag Ibrahim Alain TRAORE ait succédé brillamment au Dr ROUAMBA Alexis à Bobo Dioulasso.  Il nous faut honorer ici la mémoire de feu le Pr Ag BARRO Drissa, qu’un sort cruel  a brutalement arraché à notre affection à peine revenu de sa campagne victorieuse de l’agrégation de 2018 à Libreville. Qu’il repose en paix ! En toute modestie nous pouvons affirmer que nous avons pu passer le témoin. Ces jeunes constituent notre ossature aujourd’hui pour à leur tour aussi passer le témoin à d’autres.

Comment c’était en matière d’organisation à l’époque ?

J’allais dire que c’est une longue histoire. Evidemment ce n’était pas facile, mais nous savions déjà à quoi nous en tenir quand nous avons choisi la spécialité. En fait, pendant notre cursus nous avons été impressionné par l’engagement, l’amour du prochain et surtout l’empathie de certains de nos Maîtres. Je vais retourner jusqu’à Lomé pour dire comment le Pr AHOUANGBEVI pendant que nous étions en 4e, 5e années de médecine nous avait impressionnés. Il était le seul, il est resté pendant longtemps le seul médecin anesthésiste - réanimateur du Togo.

Pour l’histoire il faut rappeler qu’en 1982 les étudiants « voltaïques » ont été renvoyés de l’Université de Lomé. Faisons l’économie de l’explication des causes de cette décision des autorités togolaises. Cette grave crise a sans doute accéléré la création de l’Ecole Supérieure des Sciences de la Santé (ESSSA) à l’Université de Ouagadougou. Nous étions un groupe de sept étudiants à effectuer la septième année de médecine et le stage interné à Ouagadougou. Nous éprouvons une fierté légitime d’avoir eu l’insigne privilège d’être les pionniers de notre prestigieuse école, sous la conduite de nos vénérés Maîtres : le Pr OUIMINGA RM, feu le Pr TIENDREBEOGO H et feu le Pr SANOU A. Permettez-moi de faire un clin d’œil à mes camarades de l'époque : le Pr Ag BAMOUNI Abel, les Drs WARE Adrien, BICABA Abel, KOUYATE Bocar, ZERBO Petit-Jean, et je m’incline devant la mémoire de notre camarade, le regretté Dr COULIBALY Boubacar, que la mort nous a ravi prématurément.

Lors du stage interné, nous avons éprouvé une vive admiration pour le Dr Jean –Pierre BOURDERY, un coopérant français. Il habitait dans les villas réservées aux chefs de service non loin de l’hôpital Yalgado et il était pratiquement 24h/24 à l’hôpital. En outre  il avait le don d’enseigner. Quand j’ai fini mon cursus de stagiaire interné, je suis revenu me fixer en réanimation pour travailler avec lui. Je m’intéressais à la discipline. J’étais un peu initié avant même d’aller faire la formation spécialisée. En plus, le Docteur BOURDERY m’avait fait l’insigne honneur de me confier certains enseignements de physiologie au profit des infirmiers anesthésistes qu’on formait déjà à l’Ecole Nationale de Santé Publique.  En revenant au pays après la spécialisation je savais que la pratique sur le terrain se ferait dans des conditions difficiles. Les plateaux techniques étaient complètement désuets. La discipline est très technique et il faut beaucoup d’équipements, beaucoup de matériels. Les gestes doivent être pratiqués avec précision et la surveillance fait souvent appel à des équipements que nous n’avions pas. En outre les ressources humaines étaient largement insuffisantes, qualitativement et quantitativement.  Nous n’étions que trois médecins anesthésistes-réanimateurs, voire seulement deux quand l’un de nous était indisponible. Par conséquent nous étions fréquemment d’astreinte. Nous passions souvent la nuit à l’hôpital et le lendemain nous enchaînions avec le programme opératoire et/ou la prise en charge des patients en réanimation. Fort heureusement nous étions soutenus et encouragés dans nos activités hospitalières par nos Maîtres tels que le Pr OUIMINGA RM, feu le Pr TIENDREBEOGO H, feu le Pr SANOU A, le Pr KONE B, le Pr OUEDRAOGO RK et feu le Dr DAKOURE. Avec eux comme aînés, on surmontait la fatigue, parce qu’ils étaient au front eux-mêmes et nous indiquaient le chemin.  Et il y avait la satisfaction d’avoir fait de notre mieux.

 Il fallait en outre réussir le pari de l’organisation. Là aussi le soutien de nos Maîtres a été déterminant. C’est ainsi que nous avons pu par exemple organiser des activités d’anesthésie et faire accepter par tous les consultations d’anesthésie. De sorte que tous les malades programmés pour être opérés soient vus à l’avance par des médecins anesthésistes - réanimateurs pour l’évaluation et les préparations éventuelles. Cela s’est révélé une très bonne chose, parce qu’il y avait moins de reports d’interventions et de complications.

Dans le même temps il fallait s’intéresser au volet formation.  J’ai été très tôt impliqué dans la formation des infirmiers spécialistes en anesthésie-réanimation à l’Ecole Nationale de Santé Publique. Puis avec l’appui de mes Maîtres de l’ESSSA nous avons embrassé la carrière universitaire pour contribuer encore plus à l’essor de notre discipline dans ses différents volets que sont l’anesthésie, la réanimation, les urgences, la douleur, la médecine de catastrophe.

Comment s’est faite l’évolution du service ?

Nous avons beaucoup évolué et heureusement dans le bon sens. Jusqu’en 1995 il n’y avait pas de service de réanimation ni même d’unité de réanimation à proprement parler. Il y avait ce qu’on appelait à l’époque le « service des Post-opérés ». La dénomination était trompeuse parce qu’il ne s’agissait pas que de post-opérés. C’était la réanimation et les urgences. Des malades ayant  un problème chirurgical, des patients opérés ou à opérer, ou ayant un problème médical étaient admis dans le service.  Le service a donc toujours été polyvalent. Il était fréquent qu’à la visite nous ayons une quarantaine de malades à voir, dont plus de 20 par terre. Côté équipements, c’était le dénuement quasi-total. On avait deux ou trois respirateurs de soins primaires et autant de pousse-seringues électriques. Heureusement que sur le plan médicaments, l’effort était fait pour que les médicaments soient disponibles. On compensait ce dénuement par une assez bonne organisation et surtout par l’engagement du personnel. Chacun faisait ce qu’il avait à faire et le faisait correctement. Ainsi malgré ces conditions de travail difficiles nous faisions des résultats appréciables.

La transformation en service de réanimation n’est intervenue qu’entre 1995-1996 à l’occasion du sommet France-Afrique. Le service a été réhabilité, équipé, et transformé même sur le plan administratif.

Cette réhabilitation a permis de doter le service d’équipements plus modernes, même si le plateau technique est resté en deçà du niveau souhaité  par les praticiens. Elle  permettait de faire des soins qualitativement plus importants que ce qu’on pouvait réaliser dans le passé. Quelques équipements et consommables ont été acquis à l’occasion de l’organisation de la coupe d’Afrique des nations (1998) et des sommets de la francophonie et de l’union Africaine (2004). Depuis lors les tentatives de réhabilitation et d’équipements ont été trop parcellaires pour impacter positivement la qualité des soins. A la faveur de la COVID-19 un effort important d’équipement est en cours (vrais lits de réanimation avec les dispositifs médicaux de soins, de suppléance et de surveillance).

Sur le plan managérial le premier Chef de Service a été le Dr ELOLA, à qui a succédé le Dr Amadé OUEDRAOGO. Je suis le 3e Chef de service de nationalité burkinabè. J’ai accédé à la chefferie du service en 2002 après mon agrégation en 2000 comme premier Professeur Agrégé d’Anesthésie et de Réanimation du Burkina.

2e Médecin Anesthésiste Réanimateur du Burkina, comment vivez-vous ce privilège ?

Je ne vois pas les choses en termes de privilège, et si privilège il y a, c’est peut-être d’avoir contribué à tout débroussailler. Je ne sais pas si c’est un privilège. En tout cas, c’était astreignant, c’était difficile, c’était épuisant. La vie familiale et sociale en pâtissait. Heureusement que nous éprouvions aussi la satisfaction de donner le meilleur de nous-même. Il y avait aussi dans le service plus qu’un esprit d’équipe, un esprit de famille.  De plus la hiérarchie hospitalière appréciait positivement nos résultats acquis dans des conditions difficiles, et cela nous réconfortait grandement. C’est aussi le lieu de rendre un vibrant hommage  aux infirmiers spécialistes en anesthésie -réanimation, qui se sont battus à nos côtés pour assurer l’essor de la discipline dans notre pays. Nous participions à leur formation et nous leur apprenions à faire des choses que leurs homologues d’ailleurs notamment en Europe ne font pas. Car dans beaucoup de régions, ces infirmiers officient tout seuls, sans la couverture d’un médecin à proximité. Par ailleurs, au tout début de la tentative d’organisation de la spécialité, nous avons commencé par les infirmiers en les aidant à créer leur association en 1998. La Société d’Anesthésie, de Réanimation et de Médecine d’Urgence du Burkina (SARMU-B) a été créée une année après en 1999, juste avant le congrès de la Société d’Anesthésie et de Réanimation d’Afrique Noire Francophone (SARANF) à Ouagadougou. Votre serviteur a été le premier président de la SARMU-B. Ce n’était pas facile, tout était à faire, tout était à organiser mais c’était un challenge, chacun s’y est mis et nous avons vraiment travaillé dur pour essayer d’être présents sur tous les fronts. Nous avons aussi participé à d’autres activités associatives. Votre serviteur était jeune à l’époque. J’aimais le football, je l’ai un peu pratiqué et surtout je me suis beaucoup intéressé à la médecine du sport. En compagnie d’autres confrères (comme le médecin-Colonel - Major LILIOU Francis) et collaborateurs nous avons travaillé à ressusciter l’association burkinabè de médecine du sport (ABMS) qui  était en léthargie après le départ de ces initiateurs parmi lesquels on peut citer le Dr TAOKO. Il n’y avait pas de temps pour s’ennuyer.

Quelle a été votre stratégie pour attirer des médecins dans votre spécialité ?

C’était une question d’engagement. Nous avons simplement reproduit la même stratégie que nos Maîtres qui, par leur exemple de pratique professionnelle, nous ont fait aimer l’anesthésie-réanimation. Nous avons d’abord essayé d’attirer les jeunes en leur faisant voir notre manière de travailler sur le terrain et en les impliquant dans nos activités. Ils étaient définitivement conquis quand ils comprenaient ce qui fait la richesse de la spécialité et sa force :

  • prise en charge globale des patients ;
  • diversité des tâches ;
  • transversalité (anesthésie, Réanimation, soins intensifs, urgences préhospitalières, médecine de catastrophes, douleur)
  • multiplicité des compétences (physiologie, physiopathologie, pharmacologie, anatomie)
  • spécialité en constante évolution (nouveaux médicaments, nouveaux moyens de surveillance, nouvelles techniques de soins)

 En outre nous faisions percevoir des perspectives aux jeunes médecins anesthésistes-réanimateurs. Ainsi, quand leur nombre le permettra, il sera envisagé de leur conférer des compétences spéciales dans des sous-secteurs de l’anesthésie et/ou de la réanimation (anesthésie pédiatrique, anesthésie obstétricale, anesthésie-réanimation neurochirurgicale).   L’acquisition de ces compétences spéciales est indéniablement un facteur d’amélioration de la qualité des soins. Mais pour le moment nous sommes loin du compte. Et c’est pourquoi nous obligeons nos jeunes à être polyvalents.

Aujourd’hui on a de plus en plus de médecins Anesthésistes Réanimateurs, comment vous vivez cette éclosion ?

Avec beaucoup de bonheur ! Parce que la moisson est bonne. Aujourd’hui nous pouvons compter au bas mot une cinquantaine de médecins anesthésistes- réanimateurs diplômés ; comparés aux 2, 3, 4 ou 5 spécialistes il y seulement quelques années   cela constitue un bond important et une énorme progression.  Mais l’effort doit être poursuivi parce que nous nourrissons l’ambition qu’il n’y ait plus de bloc opératoire sans médecin anesthésiste, quel que soit le niveau de la structure : centre médical avec antenne chirurgicale, hôpital de district, centre hospitalier régional ou centre hospitalier universitaire. On est encore loin du compte mais le mouvement est amorcé. Il serait bon que les autorités nous aident à poursuivre dans cette dynamique.

Par ailleurs la Société d’Anesthésie- Réanimation et de Médecine d’Urgence du Burkina continuera à œuvrer à la promotion de la discipline. Elle jouera aussi toujours son rôle d’interlocuteur et d’organe consultatif auprès des autorités sanitaires. On doit aussi cette éclosion de la discipline, du point de vue de l’accroissement du nombre de praticiens, à la politique de formation développée par les autorités. Il faut aussi signaler et  saluer l’engagement  particulier du Général Professeur Nazinigouba OUEDRAOGO dans la formation des médecins anesthésistes-réanimateurs. La possibilité de formation sur place a aussi contribué au boom démographique des anesthésistes-réanimateurs. C’est ainsi que nous avons pu former en quelques années plus de 40 anesthésistes- réanimateurs. Cette année, ils sont pratiquement 65 en cours de formation spécialisée en anesthésie - réanimation toutes années confondues, la formation se faisant en quatre ans.

Des Conseils particuliers pour les jeunes ?

Ce qu’il y a lieu de leur dire,  je le leur ai dit maintes fois. Mais je vais le répéter. Déjà qu’ils gardent le goût de l’effort pour que la courbe de progression de ne s’infléchisse pas.

Notre mission ultime, en tant médecin chargé des soins  et aussi en tant  qu’enseignant c’est la transmission. Nous avons passé le témoin à une génération ; j’ai cité toute à l’heure les Prs Flavien KABORE, Alain Ibrahim TRAORE, BONKOUNGOU, KI Bertille, auxquels il faut ajouter les Drs TRAORE Idriss et BOUGOUMA Cheick. Eux aussi, passeront le témoin à d’autres. Qu’ils aient donc le souci de la transmission, qu’ils soient adeptes de l’humilité, de la rigueur, et qu’ils cultivent constamment l’esprit d’équipe. Parce que tout seul on ne peut rien faire. Qu’il s’agisse de soins, d’enseignement ou de recherche, tout se fait en équipe. Il arrive parfois malheureusement  de  constater une certaine tendance à l’individualisme ; cela est à combattre vigoureusement. Enfin, et en guise de conclusion, qu’ils essaient de suivre un peu leurs aînés, pas nous forcement, mais ils ont certainement vu des aînés ailleurs qui peuvent leur servir de boussole.

Je vous remercie !

Presse et Communication du CNOMB

 

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