‘’ La littérature n’est pas contraire à la médecine’’, Dr Pakisba Ali OUEDRAOGO, Médecin Radiologue et Ecrivain
Peut-on dire que la littérature est thérapeutique et que la médecine est littéraire ? Chose certaine, littérature et médecine sont deux disciplines bien différentes, mais qui sont en train de former de plus en plus une alliance aujourd’hui, voire un mariage. Ces deux disciplines nous montrent surtout qu’une lecture croisée est possible entre les sciences exactes et les belles-lettres. Des médecins burkinabè font de plus en plus leur entrée dans ce monde littéraire et l’un d’entre eux est le Dr Pakisba Ali OUEDRAOGO, auteur du roman ‘’ Une lune rouge : Ismaël le réfugié’’, sa première œuvre parue en 2017. Médecin Radiologue au CHUR de Ouahigouya, l’écriture est un véritable tremplin pour Dr Pakisba Ali OUEDRAOGO. Rencontre avec un médecin littéraire dans l’âme !
Presse et Communication du CNOMB : Dites-nous en quelques mots, de quoi parle votre œuvre et ce qui vous a motivé à l’écrire?
Ce roman, ‘’Une lune rouge, l’histoire d’Ismaël le réfugié’’, traite de l’immigration clandestine et secondairement du terrorisme. Il a été publié en mai 2017 et relate l’histoire d’un jeune burkinabè venant de la région du Nord dont le village a été attaqué par les terroristes. Il décide de tenter sa chance en rejoignant son oncle qui vit à Lyon. Il va passer par différentes étapes avant d’arriver à son but, et nous nous servons de son parcours pour relater ce trajet périlleux des migrants. J’essaie donc à travers ce roman d’entrer dans la tête d’un réfugié, suivant ses motivations, ses espoirs, pour retracer le parcours périlleux de ces migrants, avant d’arriver à destination.
Quant à nos motivations, c’était à une époque où il y avait chaque jour des dizaines, voire des centaines de morts au milieu de la Méditerranée.
Beaucoup d’Africains s’essayaient à cette immigration clandestine périlleuse, ce que moi j’avais appelé le nouveau péril noir et je me disais que je ne pouvais pas rester insensible. Il fallait apporter sa pierre en essayant de conscientiser les jeunes sur les dangers de cette immigration clandestine et tenter de les réveiller devant tant d’illusions.
En sous thème, nous parlons de la lutte contre le terrorisme et du calvaire que les gens vivent dans les zones attaquées.
Comment êtes-vous venu dans l’écriture ?
C’était un parcours naturel, je me suis intéressé à la littérature depuis les années collèges. Egalement pendant les études universitaires nous lisions énormément, et tout naturellement quand on lit beaucoup, on aspire aussi à écrire. Entre lire et écrire, il y’a un pas que j’ai franchi devant la indignation que la condition des migrants et refugiés a suscitée en moi. Mais auparavant, j’avais déjà écrit pas mal de poésies, qui vont si tout va bien paraître sous forme de recueil d’ici là.
Médecin littéraire, comment arrivez-vous à concilier votre profession et l’écriture ?
C’est la passion. On va dire que notre métier est prenant, mais quand on est passionné avec un minimum d’organisation, on arrive à concilier notre programme avec une vie familiale, une vie spirituelle, avec nos passions comme faire du sport, de la musique et écrire. De manière pratique, c’est tardivement la nuit que je prends quelques heures pour coucher quelques lignes. Les weekends ou à mes temps libres, je reviens là-dessus pour corriger ou ajouter des choses suivant mes inspirations. Ça se passe bien et je ne sens pas que ça me prend spécialement trop de temps. Il faut dire aussi que je ne me mets pas spécialement beaucoup de pression, je vais à mon rythme et ça me permet le long de la semaine de faire tourner certaines idées dans la tête et quand je m’assois, les choses sortent plus aisément.
Vos projets dans l’écriture ?
Oui, j’en ai. C’est trouvé un moment et le temps pour les concilier, sinon de manière concrète je vous parlais de recueil de poésie, c’est aussi essayer de le terminer. J’ai commencé aussi les chapitres du 2e roman, sur la politique africaine à travers un roman d’action qui va relater un peu les péripéties de la politique en Afrique notamment à Djibouti où je fais passer l’action. Mais tout le monde en Afrique devrait s’y retrouver.
Par ailleurs, beaucoup de ceux qui ont lu ‘’ Une lune rouge’’, sont revenus me demander une suite, donc j’espère proposer une suite dans les aventures d’Ismaël.
En Outre, ces derniers temps, avec la pandémie du Covid-19, je réfléchissais à un roman qui parle du Covid-19, du bouleversement dans les vies familiales, dans nos institutions, dans nos Etats, des choses jamais imaginées...
Des projets n’en manquent pas. Il faut maintenant trouver le temps, l’inspiration et je travaille là-dessus.
Un message à l’endroit de vos confrères ?
Je me réjouis déjà de voir que beaucoup de médecins écrivent, il y a déjà des essais et d’autres romans de confrères qui sont parus ou qui sont en voie de parution, je les encourage. Les médecins à la base sont des personnes très talentueuses depuis le collège, le lycée, mais certains se laissent submerger par les contraintes du travail et délaissent ces différentes passions, donc c’est de les encourager, parce que la littérature n’est pas contraire à la médecine. Au contraire, elle peut nous aider à même mieux appréhender notre travail. Je ne parle même pas de cette distraction saine qu’elle constitue, ces bons moments que nous passons avec la lecture, ces voyages que les livres nous permettent, ces rencontres, ces contacts, ces leçons que nous apprenons qui peuvent même nous aider à appréhender nos patients sur le plan sociologique, culturel, philosophique.
Enfin je demanderai à mes confrères de ne pas se mettre se barrières, ni de limites.
Avec un minimum d’organisation, ils doivent pouvoir aller au bout de leurs passions. Il y a des collègues qui sont de grands musiciens, de grands peintres, et les littéraires aussi, il y en a énormément.
Presse et communication du CNOMBF