« C’est un peu mon état d’âme, c’est un peu ce que je ressens que je mets en musique, et ça me permet moi-même de m’édifier, et peut-être édifier également mon prochain », Pr Christian NAPON, Médecin, Neurologue
Bon nombre de scientifiques s’accordent sur le fait que la musique agit positivement sur notre humeur. ‘’ La musique adoucit les mœurs’’, est une diction bien illustrative dans ce sens. La musique touche aussi la médecine et même sans avoir le don d’ubiquité, il existe effectivement des médecins qui ont une vie artistique bien remplie en dehors de leur carrière médicale. C’est le cas très parlant de ce Professeur et Chef de service de neurologie du CHU de Bogodogo, Pr Christian NAPON. Une carrière musicale qu’il a entamée depuis sa tendre enfance et qui va cheminer avec sa profession de médecin des années plus tard. L’homme a su concilier ces deux passions, qui en réalité se complètent chez Pr NAPON, et qui font de lui le médecin musicien fier et bien admiré de ses collègues, parents et amis. Interview !
Professeur, parlez-nous de cette passion pour la musique ?
La musique, si j’ai bonne souvenance, c’est depuis l’école primaire que je la pratique, notamment c’est en classe de CM1 que j’ai commencé les cours de musique et j’ai eu le privilège d’avoir un aîné qui a volontairement accepté de m’apprendre à jouer notamment le piano, c’était l’orgue à l’époque. J’ai commencé avec lui la théorie musicale, et puis avec ma petite sœur qui a rapidement déchanté. J’ai eu l’occasion de faire la classe de 4e au Sénégal, et là-bas, il y avait un conservatoire de musique, j’ai pu m’y inscrire et parfaire le jeu, précisément au niveau du piano. Je l’ai fait pendant 2 ans avec le maître Doukouré à l’époque. A partir de là, j’ai commencé à être auteur et compositeur. Dès la classe de 3e, 2nde, de 1ère jusqu’à l’université, je passais mon temps à composer. Voici mes débuts et l’évolution en matière de musique.
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos titres ?
C’est plutôt orienté vers l’adoration de Dieu, la louange, c’est la prière, je crois que ça tient compte de ce que moi-même j’ai vécu. Quand vous écoutez bien les chansons que je compose, ça a trait à ma vie, ça a trait à ce que j’ai vécu, et justement quand on passe par des moments difficiles, des moments d’épreuves, c’est en ce moment que l’inspiration vient. C’est un peu mon état d’âme, c’est un peu ce que je ressens que je mets en musique, et ça me permet moi-même de m’édifier, et peut-être édifier également mon prochain. Il y a beaucoup de mes chansons que j’ai écrites pendant la crise en Côte d’Ivoire. J’ai fait ma spécialité en Côte d’Ivoire, et justement pendant les moments où on était confiné à la maison et qu’on ne pouvait pas sortir, l’inspiration était grande ; ce qui me permettait donc de pouvoir composer. J’ai évolué dans un groupe, on a mis deux cassettes sur le marché, étant étudiants à la faculté de médecine à Ouagadougou, et j’ai mis mon propre album sur le marché en 2016, après que j’ai réussi au concours d’agrégation. Je m’étais promis en marque de reconnaissance à Dieu de pouvoir mettre un album sur le marché. Si je dois comptabiliser tout ce que j’ai pu écrire, je suis peut-être à plus de 100 titres.
Médecine et musique, c’est possible de concilier les deux ?
Pr Christian NAPON : Oui, c’est bien possible. La musique est pour moi comme un défouloir. Je me défoule en faisant de la musique. C’est un loisir, un passe-temps et quand je ne fais pas de la médecine, je me détends en faisant de la musique ; donc je ne vois pas en cela, une difficulté particulière ou un fardeau ou bien une activité qui vient me prendre tout mon temps. C’est comme certains aussi qui aiment le football par exemple ou autres loisirs. En semaine, il est difficile de jouer, avec les activités professionnelles, parce qu’on est occupé du matin au soir et il n’y a pas de temps pour la musique. Mais les weekends, je ne peux pas me passer de musique le samedi soir, à partir de 18h jusqu’à 21h, chaque semaine, il me faut faire de la musique. Si je n’en fais pas, je dirai que mon weekend est plus ou moins raté.
La musique a-t-elle des bienfaits ?
Oui, la musique a des bienfaits. Vous auriez certainement entendu parler de la musicothérapie, il y a certains praticiens qui utilisent la musique pour soigner leurs patients. Depuis l’époque romaine, c’est utilisé pour non pas remplacer les médicaments mais comme un traitement adjuvent qui vient en appui au traitement des patients. Sur le plan psychologique, il y a la détente psychomusicale, qui permet par le biais de la musique au patient d’être moins anxieux, plus calme, plus tranquille, ce qui participe à l’aider à guérir de ses maux. Ici, je ne l’ai pas encore entrepris, mais ce sont des réflexions que j’aies, je suis en train de voir comment pouvoir mettre en place la musicothérapie au sein du service dans lequel je suis. L’important pour moi c’est de pouvoir partager cette passion que j’aie pour la musique, que ça puisse servir à d’autres personnes, parce que vous êtes sans ignorer que nous passons parfois des moments difficiles, des moments où on est anxieux, on est perdu, et je pense que quand on partage cette passion que nous avons , ça peut aider les uns et les autres à traverser un peu plus sereinement les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Si cet objectif est atteint, moi, c’est ce qui me réjouit le plus.
Un message à l’endroit de vos confrères ?
Je dirai à mes confrères qu’il n’est jamais tard pour apprendre la musique et que chacun doit se mettre dans cette dynamique. C’est vrai qu’on n’a pas le temps, mais ne serait-ce qu’une ou deux heures, deux fois dans la semaine, ça peut suffire pour apprendre un instrument, la guitare, le piano. L’intérêt est que, quand on fait de la musique, c’est déjà un loisir qui est sain, vous vous édifiez vous-même, et au travers les interactions que vous avez avec autrui, vous transmettez un message, un message qui édifie l’autre, un message qui apaise l’autre, qui lui donne un réconfort, une joie et vous-même vous vous construisez, parce que vous avez une autre manière de voir les choses et ça va certainement transparaître dans votre manière de soigner les gens, dans votre manière de concevoir la médecine, dans votre manière de concevoir l’administration des soins à vos patients.
Presse et communication du CNOMB