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DR Alphonse

Le secteur de la santé est le plus souvent cité lors des enquêtes menées sur l’état de la corruption au Burkina Faso et la corruption dans le secteur pharmaceutique est bien réelle.  Comment peut-on expliquer cela ? C’est l’objet de cette étude commanditée par le ministère de la santé en partenariat avec l’Organisation Mondiale de la Santé, OMS sur l’évaluation de la transparence dans le sous-secteur pharmaceutique au Burkina Faso, pour analyser le degré de vulnérabilité de ce sous-secteur à la corruption.  L’atelier de restitution a eu lieu ce mardi 29 septembre 2020 à Ouagadougou et l’Ordre national des médecins du Burkina a été convié à cette rencontre. 

C’est un atelier qui a réuni différents acteurs intervenant dans le sous-secteur pharmaceutique et qui ont apprécié le travail réalisé sur l’évaluation de la transparence dans le sous-secteur pharmaceutique au Burkina Faso.

Le Directeur Général de l’Accès aux Produits de Santé, Zakariya YABRE qui représente le Secrétaire Général du Ministère de la Santé a expliqué l’objet de cet atelier de restitution qui est d’une importance capitale.  « Tout est parti sur initiative de l’OMS qui voudrait qu’il y ait une transparence dans la gouvernance au niveau du sous-secteur pharmaceutique.  C’est sur cette base que nous sommes partis pour évaluer en ce qui concerne le Burkina Faso le degré de vulnérabilité du secteur pharmaceutique. Alors, pour faire ce travail, il y a un bureau d’étude qui a été recruté et ce travail sera fait en trois phases.  La première phase c’est une évaluation de base qui consiste à examiner deux dimensions de cette stratégie de bonne gouvernance de l’OMS, une dimension qualitative et une dimension quantitative et chaque stratégie recommande que chaque pays puisse examiner un certain nombre de fonctions. Il y a des fonctions règlementaires et des fonctions non règlementaires. Parlant des fonctions, vous avez par exemple, l’enregistrement des médicaments, l’octroi des licences pharmaceutiques, l’inspection pharmaceutique et la surveillance du marché, les essais cliniques, le contrôle qualité, les pharmacovigilances etc.  Le cabinet d’étude a élaboré un questionnaire et nous avons essayé d’évaluer pour l’ensemble pays ces différentes fonctions règlementaires. Pour ce qui ressort des résultats préliminaires que nous avons obtenus, nous avons noté que le niveau de vulnérabilité du pays est à un niveau modéré, on a noté des extrêmes aussi. Pour les fonctions, contrôle de la promotion, la vulnérabilité était extrême à ce niveau, et pour ce qui est de l’achat des produits pharmaceutiques, on a une vulnérabilité forte.  C’est pour dire que les résultats ne sont pas très reluisants, ce qui nécessite en tout cas beaucoup d’efforts. Nous allons travailler à corriger tout ce qui a été relevé comme insuffisances au cours de cette étude et ce sont ces résultats préliminaires qui constituent une première phase, il y aura une 2e phase qui va consister à élaborer le programme national de bonne gouvernance et ce programme va s’attaquer réellement à ce que nous avons noté comme insuffisances.  Et par la suite lorsque ce programme sera élaboré, nous allons aller maintenant à sa mise en œuvre », a-t-il indiqué.

Dr Alphonse OUEDRAOGO, médecin épidémiologiste qui représente l’Ordre National des Médecins du Burkina, a vu tout l’intérêt pour la structure dont il relève de participer à ces échanges et de comprendre les différentes fonctions du sous-secteur pharmaceutique. « Cette rencontre sur les facteurs de vulnérabilité du sous-secteur pharmaceutique est d’un grand intérêt pour l’Ordre national des médecins du Burkina, parce que le médecin est au centre du médicament. C’est le médecin d’abord qui prescrit le médicament à un patient après un diagnostic. Et après la prescription c’est le médecin qui s’assure que le médicament qu’il a prescrit est un médicament d’abord qui ne cause pas de problème en termes de sécurité au patient et enfin il s’assure que ce médicament en plus de ne pas causer de problème de sécurité est un médicament efficace.  Donc nous pensons qu’il était vraiment nécessaire pour nous de participer à cette rencontre », a-t-il fait savoir avant de souligner que si le circuit d’approvisionnement des médicaments à des faiblesses, il y aura forcément problème. « Vulnérabilité, corruption sont incompatibles avec la qualité. Donc nous pensons que nous devons être à cette rencontre pour nous assurer que les médicaments que nous prescrivons n’ont pas de problème et que ce sont des médicaments efficaces et sécurisants pour le patient », nous confie-t-il.

Du côté des consultants, c’est une étude qui a permis d’évaluer la vulnérabilité du sous-secteur pharmaceutique et de faire des recommandations en vue d’améliorer les choses.  « On part de l’hypothèse que dans un secteur où il y a la transparence, moins le secteur est susceptible d’être corrompu.  A partir de cette hypothèse, les outils ont permis de faire cette étude et de voir quel était le niveau de vulnérabilité de ce secteur pharmaceutique. Globalement, on a trouvé une vulnérabilité moyenne, modérée, elle va d’extrême vulnérabilité à vulnérabilité minimale. Il y a quand même deux fonctions qui sont à vulnérabilité extrême, à vulnérabilité forte, les six autres fonctions sont bonnes », a expliqué Dr Abel BICABA, Consultant en charge de l’étude. 

Quant aux recommandations, il s’agit pour le consultant, Dr BICABA d’emblée de la question de circulation de l’information. « On a surtout recommandé que les documents soient non seulement mis à jour mais qu’ils soient mis à la disposition des acteurs ; de rendre les sites web fonctionnels de sorte que les acteurs partout où ils sont, puissent accéder facilement à des documents qui permettent de mettre à niveau leurs informations », a-t-il recommandé. Pour Dr Alphonse OUEDRAOGO, l’Ordre des Médecins va être très vigilant. ‘’ Nous allons suivre le suivi de ces recommandations. Nous sommes au cœur du médicament, et nous devons être sûrs que ce nous prescrivons est bien toléré par nos patients et que ce sont des médicaments de qualité’’, a-t-il conclu.

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