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Dr SANON

Les médecins ont-ils encore « la vocation » ? Les médecins se consacrent-ils encore corps et âme à leur métier ? Certains sont-ils encore des passionnés ? L’investissement personnel et le don de soi sont-ils encore à l’ordre du jour ? Peut-on développer l’amour de la médecine au fil du temps ? Trop de questions autour de la vocation médicale au point de susciter en nous un intérêt particulier pour ce sujet. Chose certaine, lorsqu’on vient dans la médecine par amour, on fait de la bonne médecine. Cet ‘’appel à guérir’’, à soulager celui qui souffre, à redonner le sourire à celui qui pleure est la base de la médecine. Pour en savoir davantage sur la vocation médicale, nous sommes allés vers un grand médecin, Dr Aurélien Jean SANON, médecin chirurgien admis à la retraite depuis décembre 2016 après une grande expérience acquise dans sa profession de médecin. Interview !

Comment êtes-vous venu dans la médecine ?

Dr Aurélien Jean SANON : je suis venu dans la médecine par vocation. Je suis enfant d’un médecin et d’une Sage-femme. J’ai vu travailler mes parents pendant mon enfance. Quand je suis arrivé en classe de 4e, j’ai décidé de façon très précise que j’allais faire une 2ndC, une 1ère D, une Terminale D et la médecine. Mon papa s’appelle Salifou SANON, c’est le premier Dr SANON. Le fait d’être enfant d’un médecin et d’une Sage-femme a pu concourir à faire de moi le médecin que je suis. Mais je ne pense pas tellement parce que ça n’a pas influencé les autres enfants et je suis le seul à être devenu médecin. J’ai été scout et j’ai fait un brevet de secourisme, il m’arrivait de soigner des gens, de participer aux activités de la Croix Rouge à Bobo-Dioulasso. Ces choses ont contribué l’une dans l’autre certainement à renforcer ma décision de devenir médecin.  Après mon baccalauréat, c’est à Dakar qu’on m’a envoyé, où je n’ai pas réussi ; mais ça ne m’a pas convaincu que je n’étais pas capable de devenir médecin et j’ai eu la possibilité d’aller à l’Université de Niamey pour recommencer et là, j’ai pu faire des études sans problème.  C’est la chirurgie qui m’intéressait, j’ai commencé à opérer en 3e année, pas parce que j’étais particulièrement brillant, mais parce que j’ai eu la possibilité de le faire.

Qu’est-ce que la vocation médicale selon vous ?

 Quand on parle de vocation, ça une connotation religieuse, mais cette connotation est tout à fait valable quand il s’agit de la médecine, parce que dans la médecine, c’est de l’être humain que l’on s’occupe et si on n’aime pas travailler sur l’être humain c’est difficile. Si on n’a pas un attrait particulier pour cette profession, c’est difficile. La vocation médicale c’est vraiment un appel à exercer cette profession, un attrait particulier et même une passion pour l’exercice de cette profession.

Vocation et sacerdoce, comment faire ?

Aimer cette profession médicale va avec aimer les gens que l’on doit soigner.  En ce moment c’est un sacerdoce dans la mesure où la personne qui vient à vous ne doit pas être considérée en fonction de sa religion, de sa race, de son parti politique, etc. C’est un malade. Ce malade doit repartir satisfait des services qu’on lui propose. Ce que moi j’ai compris par la suite, c’est que je ne fais pas que soigner une maladie, je soigne quelqu’un qui porte une maladie. Je me suis rendu compte que ce que je dis et la façon dont je me comporte envers le malade qui est devant moi est souvent plus important que le médicament que je prescrits, que le traitement que je lui propose. Ça veut dire que je suis en relation avec mon malade et la qualité de cette relation influe énormément sur la qualité du soin que je donne.  Et si on n’aime pas cette profession, on subit une double contrainte. Celle qui est liée déjà à l’exercice de la profession et le fait qu’on pratique quelque chose qu’on n’aime pas.  Ça devient très compliqué et en médecine c’est tellement très important de s’occuper de la vie des gens   que si on n’aime pas et qu’en plus, on n’a même pas l’amour de l’être humain, ça devient très difficile et c’est un métier qu’on va finir par devoir abandonner.  Je peux citer un cas que j’ai connu, la personne est venue dans la médecine, parce que ses parents voulaient, elle a exercé mais a fini par quitter la profession parce que ce n’était pas son choix. Ils sont nombreux les étudiants qui arrivent en 3e, 4e année et abandonnent parce que ce n’était pas leur choix pour aller faire autre chose. Et je pense personnellement que ceux qu’on traite de mauvais praticiens ou de gens qui ne font pas bien leur travail, c’est dû au fait que ce sont des gens qui certainement exercent leur profession sans en avoir eu la vocation.

Des conseils particuliers ?

On peut venir dans la médecine parce qu’on vous a poussé à venir et par la suite on découvre que c’est intéressant et on continue. Ça peut se faire. Mais celui qui est jeune et qui n’a pas encore choisi la profession de médecin, il faut d’abord qu’il aime cette discipline, qu’il cherche à se renseigner pour avoir de bonnes informations et pour savoir tout ce qu’il y a comme difficultés dans cette profession. Il y a les études déjà qui sont très longues et il y a les contraintes liées à la pratique de la profession.

Pour celui qui a fini ses études et qui est devenu médecin, la question qui va se poser, c’est quelle spécialisation choisir. Là encore, il faut que ça soit une discipline qu’il aime vraiment. On deviendra chirurgien parce qu’on aime la chirurgie, on veut devenir gynécologue parce qu’on aime la gynécologie, on veut faire l’ORL, parce que c’est ce qu’on préfère. L’important c’est de ne pas aller dans des considérations autres que celles de la passion que l’on doit avoir pour la pratique de ce métier. 

 

 

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