Traiter un malade en être humain est le socle de la relation médecin-patient. Dans la gestion de leur vie quotidienne, les malades sont perturbés et perdent ce qui fonde leur vraie identité pour ‘’se revêtir’’ de ‘’l’identité maladie’’ qui remplit tout leur champ qu’il soit spatial, temporel et relationnel et doivent y faire face tous les jours. Dans cette nouvelle vie que la maladie impose au soigné, la démarche soignante est essentielle car entraînant nécessairement dans une relation d’intimité. Le soignant s’introduit dans le monde intime du malade et est témoin de tout ce qui se passe en lui : sa nudité, les manifestations de son désarroi, il le touche et manipule son corps, des choses qui habituellement ne se font qu’avec des mains maternelles ou amoureuses. Le soignant dans sa mission d’aider celui qui souffre à retrouver la quiétude, devient un vrai acteur de la philosophie, par ce geste qui permet de retrouver l’espérance. La relation soignant-soigné, nous traitons le sujet avec le Professeur Arouna OUEDRAOGO, Psychiatre des Hôpitaux et Chef de Service de Psychiatrie au CHU Yalgado OUEDRAOGO. Article !
‘’L’écoute active, l’observation, le soutien, la compassion, l’empathie, le respect, la confiance, la compréhension du patient, le vécu de ses émotions, etc. sont entre autres des éléments qui traduisent une relation soignant-soigné. Selon la définition que donne le Pr Arouna OUEDRAOGO, Psychiatre des Hôpitaux et Chef de Service de Psychiatrie au CHU Yalgado OUEDRAOGO, la relation soignant-soigné est une relation qui existe entre un médecin et un patient dans le cadre d’un acte thérapeutique. « C’est avant tout, une relation humaine mais qui doit être distincte de la relation amicale, qui doit également être distincte de la relation familiale et également distincte d’une relation commerciale. C’est en cela qu’on dit que la relation médecin-patient est une relation humaine assez particulière », explique-t-il.
Une relation qui se fonde sur les prescriptions du Code de Déontologie
Pour le Professeur de Psychiatrie, la relation soignant-soigné se fonde sur les prescriptions du code de déontologie médical. Pour se résumer, il énumère juste un certain nombre d’éléments clés qui fondent cette relation. « C’est d’abord une relation de confiance, il faut que le patient qui recourt au médecin puisse avoir confiance en la personne de ce médecin et c’est de cette confiance que le patient sera en mesure de lui faire des confidences, dans la perspective de l’aider à pouvoir faire un diagnostic de façon globale. Nous sommes donc dans une dynamique de confiance-confidences. Cette relation doit aussi se baser sur le secret, en ce sens que le patient qui se confie au médecin s’attend à ce que celui-ci soit capable de garder le secret prescrit dans le cadre du Code de déontologie. La relation doit également se fonder sur le respect du patient. Le médecin doit avoir à l’esprit que le respect du patient est fondamental dans le cadre de sa mission. Un autre point aussi important, est que c’est une relation qui est fondée sur l’empathie. Le médecin doit être capable de se mettre dans la peau de l’autre comme on le dit, pour comprendre sa souffrance, pour comprendre sa douleur et comprendre également ses espérances. Sans empathie, il n’y a pas de possibilités pour le médecin de s’occuper efficacement de son patient », fait savoir le Chef de Service de Psychiatrie du CHU Yalgado OUEDRAOGO.
Cependant, il faut comprendre, indique le Pr OUEDRAOGO que la relation soignant-soigné est basée sur un contrat, faisant donc qu’un certain nombre d’obligations s’imposent aux parties. Dans les situations, où l’une des parties au contrat ne respecte pas ses obligations, la relation soignant-soigné peut s’interrompre, montrant ainsi ses limites.
Il y a des situations souvent très difficiles à gérer
Lors d’une relation soignant-soigné, le soignant peut souvent être confronté à des situations pénibles qui nécessitent beaucoup de qualités pour pouvoir y faire face. « C’est l’annonce d’une maladie grave, l’annonce d’un handicap ou parfois l’annonce à la famille d’un décès. C’est malheureusement des situations qui sont très fréquentes dans notre profession et qui font appel à des capacités d’un point de vue pédagogique de la part du médecin pour pouvoir aborder ces situations. Vous comprenez que quelqu’un qui vient avec de l’espérance et qui malheureusement se retrouve avec cette réalité, ce n’est pas facile à la fois pour le médecin et pour le patient et sa famille », témoigne le Professeur psychiatre, avant d’inciter à l’adoption des règles de bon sens qui prennent en compte aussi la personnalité du patient ; parce qu’il n’existe pas de recette toute faite pour prévoir une attitude à adopter devant une situation donnée. C’est pourquoi, il est important que le médecin puisse avoir certaines aptitudes pour éviter les répercussions d’une attitude non adaptée envers le patient. Là-dessus, Pr Arouna OUEDRAOGO va dire qu’une « mauvaise relation thérapeutique va créer des frustrations tout naturellement du côté du patient et donc le résultat qui est d’aider à apaiser la souffrance sera nécessairement compromis. Le plus souvent, cela résulte du fait que le médecin n’appréhende pas de manière assez conséquente ce qu’on appelle la iatrogénie, c’est-à-dire que la relation médecin-malade tout comme cela peut se voir avec un médicament, peut avoir des effets indésirables qui peuvent être redoutables. Si le médecin sait qu’il est à la fois remède et iatrogène pour le patient, il doit éviter dans toute situation d’être nocif vis-à-vis du patient à travers une relation qui peut parfois être faite de rejet, de moralisation ou de culpabilisation de la personne qui est en souffrance et ce sont des situations qui malheureusement sont fréquentes », déplore-t-il.
Savoir gérer les situations difficiles ou stressantes
En pratique médicale, ce sont des situations qui sont extrêmement fréquentes selon le Psychiatre. C’est la raison pour laquelle, il affirme que le médecin au cours de sa formation doit apprendre justement à gérer ces genres de situations. La règle d’or à l’écouter, c’est de toujours garder son sens froid, pour ne pas compromettre son action en faveur du patient. « Le médecin peut être confronté à une situation extrêmement difficile, pénible pour lui, une souffrance assez insupportable à la fois pour le patient et pour le médecin, et il lui faut faire preuve de bon sens, d’expériences pour être capable de gérer ce genre de situations », conseille-t-il.
Suivant toujours le Professeur Arouna OUEDRAOGO, la relation soignant-soigné est une relation unique, qui à chaque situation s’adresse à un patient qui a une personnalité aussi qui est unique. Ainsi, va-t-il suggérer au médecin dans sa démarche soignante, de tenir compte de cette situation en faisant appel à ses connaissances d’un point de vue théorique mais également en faisant appel à sa conscience pour pouvoir entretenir une relation thérapeutique de qualité avec son patient ; sinon il risque d’avoir quelque chose en moins dans cette relation. Et va-t-il ajouter, qu’en raison de la particularité de la personnalité de chaque patient, il faut dans certaines situations que le médecin fasse appel à son bon sens pour apporter des éléments qui sont spécifiques au cas du patient.