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Pr Traoré

‘’Nous plaçons notre mandat sous le signe du rapprochement et de la cohésion entre les médecins et de la lutte contre l’exercice illégal de la médecine dans le grand ouest du Burkina Faso’’, Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE

Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE est le Président du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins (CROM) de Bobo-Dioulasso. Elu à la tête de ce CROM en 2019, l’Anesthésiste-Réanimateur qu’il est, s’est entouré d’une équipe pour mener à bien sa mission de quatre ans. Diplômé de l’Université Cheick Anta DIOP de Dakar où il a mené ses études de médecine générale et de spécialisation pour obtenir le titre de Docteur d’Etat en médecine en février 2010 et celui d’Anesthésiste-Réanimateur en mars 2010. Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar, c’est depuis sa 4e année de médecine que le Pr. Ag Alain TRAORE a pris goût à cette spécialité quand il était de passage dans le service d’Anesthésie-Réanimation. Du coup, il s’est dit que cette discipline qu’il lui fallait où on vit l’action, où on sauve des vies humaines et où on permet également aux malades de subir les interventions sans douleur. Même si tous les jours, il est confronté à des malades comateux, difficiles à soigner, il est heureux lorsqu’il arrive à les faire sortir du coma, de cette situation dramatique. L’Anesthésie-Réanimation est sa vocation de médecin, cette discipline est au cœur de la médecine selon lui. Hospitalo-Universitaire, il devient Assistant en 2011 à l’Université Nazi BONI de Bobo-Dioulasso et Pr Agrégé en 2016. Président du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Bobo-Dioulasso, Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE a bien des ambitions affichées pour les médecins de sa région et se bat au quotidien pour un exercice légal de la médecine dans cette région ordinale. Pour ce numéro de ‘’Tribune du Médecin’’, nous faisons un zoom sur cette région ordinale.  Pr. Ag Alain TRAORE a bien voulu nous accorder cette interview à distance depuis la ville de Sya.  

Professeur, présentez-nous votre Conseil Régional

Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE : le Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Bobo-Dioulasso regroupe toutes les structures médicales et tous les médecins exerçant dans la région du grand ouest. Il couvre quatre grandes régions ordinales : celle de Bobo-Dioulasso, celle de Banfora, celle de Gaoua et celle de Dédougou. Le CROM de Bobo-Dioulasso regroupe environ 300 médecins exerçant aussi bien dans le secteur public que privé.

Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

Nous plaçons notre mandat sous le signe du rapprochement entre les médecins, de la cohésion entre médecins et de la lutte contre l’exercice illégal de la médecine.

LE CROM DE Bobo-Dioulassa avec Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE

Quelles sont les activités que vous menez ?

Nous menons des activités de sensibilisation, nous nous sommes rapprochés de la plupart des structures privées et publiques de la région de Bobo-Dioulasso pour présenter notre bureau et pour voir dans quelle mesure nous pouvons travailler ensemble pour amener les gens vers l’Ordre des Médecins, parce qu’on s’est rendu compte que les gens ne s’intéressaient pas toujours à l’Ordre des Médecins.  On avait aussi remarqué qu’il y avait beaucoup d’exercices illégaux de la médecine.

Comme autres activités que nous menons déjà, c’est la sensibilisation des jeunes médecins qui sortent de la Faculté de médecine par rapport à l’inscription à l’Ordre, par rapport à la pratique médicale légale, c’est la lutte contre les faux médecins en diffusant le Tableau d’inscription à l’Ordre des Médecins régulièrement. Nous diffusons sous forme de tableau affiché dans les structures de santé mais également par voie de presse et auprès du Procureur de la Région de Bobo-Dioulasso.  A côté de ses activités de sensibilisation, nous apportons un appui aux collègues qui ont maille à partir avec la justice. Nous menons également des activités de formation médicale continue qui ont malheureusement été impactées par la maladie à coronavirus. Nous avions comme objectif d’organiser chaque trimestre des activités de formation continue pour mettre à niveau des médecins. Mais cela a été fortement impacté par la Covid-19. Notre objectif actuellement, c’est de voir dans quelle mesure, nous pouvons organiser ces activités en ligne à travers zoom et nous comptons commencer en janvier la première session de formation sur zoom, sur le thème de la résistance bactérienne aux antibiotiques et chaque mois à partir de janvier nous allons organiser en ligne des sessions de formation continue.

Autres activités, c’est de permettre aux médecins de la zone de participer aux formations médicales continues organisées par l’Ordre National, notamment en facilitant leur déplacement, leur transport et leur accès à ces formations.

D’autres activités menées, c’est la réalisation des cartes de l’Ordre des Médecins, les cartes étaient antérieurement fabriquées à Ouagadougou, nous avons pu acquérir l’appareil qui permet de faire les cartes sur place à Bobo-Dioulasso.  Nous avons également pu faciliter l’inscription, le paiement au niveau de l’Ordre des Médecins à travers la mise en place des paiements par les téléphonies mobiles, notamment par Orange money et Mobicash. Nous envisageons également aller vers un prélèvement automatique sur le salaire pour pouvoir échelonner ces paiements.

D’autres activités que nous avons envisagées, c’est de pouvoir regrouper des médecins en dehors de la formation médicale dans une activité festive et récréative. Nous avons pensé faire un tournoi de football inter-régions qui composent le CROM de Bobo-Dioulasso, notamment Bobo-Dioulasso, Banfora, Dédougou et Gaoua. L’activité à malheureusement été impactée par la Covid-19 et nous avons reporté cette activité en fin janvier ou début février.

Comme activités dans le cadre de ce contexte de Covid-19, nous avons adressé une correspondance au Gouverneur pour demander des mesures de protection pour les médecins lors du pic covid. Nous participions aux réunions hebdomadaires au Gouvernorat pour la cellule régionale de lutte contre la covid 19.

Le Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Bobo-Dioulasso a également confectionné des masques de protection avec le logo du CROM pour distribuer aux médecins de la Région comme contribution à la lutte contre la covid 19.

 

Le CROM de Bobo-Dioulasso avec Pr. Ag Alain Ibrahim TRAORE

En matière de lutte contre les faux médecins, quelle est la situation au niveau de votre Conseil Régional ?

Pour le moment on n’a pas encore eu à faire à un faux médecin en tant que tel. On a cependant de nombreux cas de pratique illégale de la médecine, notamment des infirmiers qui font des activités médicales, des techniciens de radiologie qui font des échographies dans la région ordinale, des attachés de chirurgie qui font des interventions. Nous avons tenté de sensibiliser ces différents intervenants et chez certains ça à marcher ; mais d’autres ont continué et nous sommes passés à la phase de répression.  Nous sommes actuellement en justice, nous avons porté plainte contre un technicien de radiologie qui fait des échographies dans la ville de Bobo-Dioulasso et de Orodara et nous attendons le début du procès pour que ça serve d’exemple et que cette pratique cesse. Nous nous apprêtons également à porter plainte contre un tradi-thérapeute rebouteux qui prescrit des examens de radiographie malheureusement réalisés par des collègues radiologues dans la ville de Bobo-Dioulasso. C’est également l’occasion d’interpeller ces différents médecins de ne pas accepter faire ce type d’examen et de se mettre au-dessus de ça.

En termes d’acquis et d’insuffisances ?

En termes d’acquis, il n’y avait pas de sensibilisations, on a commencé à sensibiliser les gens, on a commencé à répertorier tous les médecins dans la zone, on a fait une cartographie des structures médicales, aussi bien privées que publiques, on a rencontré le Directeur Régional de la santé pour commencer, pour qu’il puisse nous appuyer pour débuter les sorties d’inspection sur le terrain pour inspecter les différentes structures privées qui font de la médecine libérale dans la zone.  Nous comptons également rencontrer les promoteurs privés des cliniques pour harmoniser nos points de vue par rapport à la pratique médicale, c’est déjà même programmé.  Les sensibilisations ont également permis de débusquer un attaché en ophtalmologie qui se faisait passé pour un ophtalmologue.  Nous avons pu toucher la structure et tout est finalement rentré dans l’ordre. Mais en termes d’insuffisances on ne peut pas pour le moment tout couvrir, il n’y a pas un canal d’information pour dénoncer les dérives en termes de pratique médicale illégale, en termes de faux médecins.  Nous avons mis en place un groupe WhatsApp avec différents médecins. C’est également l’occasion de demander aux uns et aux autres dès qu’ils ont un cas de pratique médicale illégale de saisir rapidement le conseil régional pour qu’on puisse trouver une solution.

Les répercussions de la Covid-19 sur vos activités ?

J’en ai parlé tantôt. La Covid-19 a complètement bouleversé notre programme d’activité. Déjà quand on a commencé notre mandat on a eu des difficultés d’accès au niveau du compte bancaire, puisque quand on a pris le Conseil Régional, il n’y a pas eu de passation en tant que tel. Il a fallu revoir les noms qui étaient sur les comptes, ça nous a pris pratiquement une année au niveau de la banque pour avoir accès à nos comptes et démarrer nos activités et on est tombé sur la Covid-19. Vous savez bien que tant qu’on n’a pas d’argent on ne peut pas mener des activités. Cette pandémie a fortement impacté nos activités, notamment les activités de formation médicale continue. Et comme je l’ai dit, nous commencerons bientôt ces activités pour les poursuivre plus tard dès que les choses vont se calmer.  

Votre bilan à ce jour ? Des perspectives aussi ?

Nous ne sommes pas satisfaits, mais comme je l’ai dit, on a eu beaucoup de petits accros, notamment des difficultés d’accès aux comptes bancaires et la Covid-19. Mais nous avons quand même quelques acquis, notamment  la réalisation  des cartes sur place à Bobo-Dioulasso, la publication régulière du Tableau de l’Ordre, le paiement des cotisations  par le système de téléphonie mobile, la lutte contre l’exercice illégal de la médecine avec différents procès que nous avons, la rencontre avec les autorités judiciaires et administratives et les différentes structures sanitaires  pour  rapprocher l’Ordre des différents médecins, mais également la cartographie des structures publiques qu’on a réussi à faire, autant de points de satisfaction. Maintenant, pour ce qui reste à venir, nous allons nous atteler à mettre en place un système durable de formation  médicale continue, chaque mois un thème, nous allons  également travailler beaucoup plus sur la communication, c’est un gros problème de notre mandat à ce jour, mettre en place un plan de communication qui permet de mieux faire connaître l’Ordre, de le rapprocher des médecins, nous allons travailler pour mettre en place des activités festives et sociales  qui permettent à l’Ordre de s’approcher un peu plus des médecins et aux médecins de se connaître pour créer une certaine cohésion entre médecins.

Vos ambitions pour les médecins du CROM de Bobo-Dioulasso ?

Les ambitions, c’est qu’il ait beaucoup plus de cohésion, de partage, plus de confraternité, moins d’exercice illégal et douteux  de la médecine, notamment des médecins qui pratiquent dans des cabinets de soins ou des médecins qui passent par des systèmes de ristourne pour envoyer des malades dans des structures privées  et soutirer des sous derrière, qu’il ait des médecins beaucoup plus honnêtes et travailleurs bien sûr, des médecins qui vont avoir des conditions sociales et financières améliorées  et sur le plan national l’Ordre travaille beaucoup  à cela, notamment à travers la prospection  des possibilités de construction de logements pour les médecins.

Vos vœux de fin d’année ?

C’est beaucoup de santé pour les médecins de la région ordinale de Bobo-Dioulasso ainsi que leurs familles, c’est l’élément moteur  pour que les différents médecins puissent soigner les malades et puissent exercer  dans des conditions idéales, des vœux de succès pour tous les médecins qui entreprennent, qui ont des examens ou des activités à faire et des vœux d’une année de cohésion, de confraternité entre les différents médecins,  mais également des vœux d’une année apaisée, une année d’abondance que ce soit sur le plan matériel, financier que sur le plan apprentissage et d’acquisition de nouvelle connaissances.

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